Jeanne Lajoie (1899-1930)

Dix ans après les manifestions organisée par les sœurs Desloges, Jeanne Lajoie
s’oppose à son tour à une persécution en défiant sa commission scolaire locale en
enseignant dans une école indépendante; L’école libre de Pembroke. Elle vient au
monde à Lefaivre et obtient un certificat d’enseignement bilingue à Vankleek Hill.
Enseignante :
Au début de sa carrière elle enseigne à Warrens, Azilda, Naughton et à Blezard
Valley avant d’être embauchée en 1923 à la St. John School à Pembroke. On
l’embauche pour donner des cours en français, à la demande de parents locaux.
Mais le climat causé par le Règlement 17 qui existera jusqu’en 1927 exacerbe les
tensions. Peu après son arrivée, Jeanne Lajoie est renvoyé sous prétexte qu’une
religieuse irlandaise peut enseigner le français.
Activiste :
Jeanne Lajoie écrit à l’Association canadienne-française d’éducation d’Ontario pour
l’informer de la situation. Des parents de Pembroke font circuler une pétition
demandant à la commission scolaire de réengager Jeanne Lajoie ou quelqu’un
capable d’enseigner en français. Face au refus des autorités de revenir sur leur
décision, le Cercle Lorrain, une association qui, sous le leadership d’Alfred Longpré,
crée une école libre dans une maison privée de Pembroke. Moins de deux mois
après le renvoi officiel de Jeanne Lajoie, 55 élèves francophones se présentent à sa
première classe sous les yeux de nombreux journalistes et de représentants de
l’ACFÉO. Elle y enseigne pendant trois ans, secondée par une deuxième institutrice.
Durant ses vacances d’été, Jeanne Lajoie s’emploie à recueillir des fonds pour ce
qu’elle appelle son œuvre, c’est-à-dire l’école libre nommée Jeanne d’Arc. Elle
devient rapidement une figure de proue et les journaux de langue française du
Québec et de l’Ontario font connaître la lutte qu’elle et ses compatriotes de
Pembroke livrent pour faire reconnaître leur droit à un enseignement en français. De
santé fragile depuis sa naissance, elle quitte l’enseignement en 1926, et entre dans
un sanatorium au Québec. Elle meurt à Montréal en 1930.

Orientation bibliographique et repères archivistiques :
Bizier, Hélène-Andrée, « Jeanne Lajoie, la pucelle de Pembroke », dans L’actualité,
Montréal, 1er août 1990, pp. 59-60.
Dufresne, Charles et al., Dictionnaire de l’Amérique française, Ottawa, Les Presses
de l’Université d’Ottawa, 1988, p. 198.
Femmes de vision : fiches biographiques et stratégies d’intervention
pédagogique, Lucie Brunet et al., [Ottawa], Association des enseignantes et des
enseignants franco-ontariens, novembre 1991, n.p.
Longpré, Alfred, L’Éveil de la race : un épisode de la résistance franco-ontarienne,
Pembroke, 1923-27, Préface de Victor Barrette, Ottawa, Éditions du Droit, 1930.
Bambo-Konghonzaud, Joël, « Jeanne Lajoie : l’expression d’une fierté », dans
L’Orignal déchaîné, Sudbury, 30 mars 1994, p. 5