Il voit le jour à Sainte-Anne-de-Prescott dans l’est de l’Ontario, le 29 juin 1897. Trois
ans plus tard, la famille s’installe à Montréal. Enfant précoce, il sait lire avant d’entrer
à l’école. Grand rêveur, il observe les grands voiliers qui passent sur le fleuve Saint-Laurent. Curieux, il se demandant d’où ils viennent.
Vie étudiante :
En 1910, il débute ses études au Séminaire de Joliette. À la fondation du quotidien
Le Droit, en 1913 il est apprenti journaliste bénévole au tout premier édifice du
journal, construit par son père. Il obtient son baccalauréat ès arts en 1917.en 1915,
Le Devoir lance un concours de rédaction dans lequel les jeunes sont invités à
raconter leurs vacances d’été. Fulgence termine deuxième et voit son texte publié
dans le journal. Fonceur, il se fait engager pendant deux étés par Le Devoir, ou il
couvre le port de Montréal et ses activités.
Carrière :
A peine sorti du collège, il s’enrôle dans l’armée. Parfaitement bilingue, il devient
interprète. La fin de la Première Guerre Mondiale, fait qu’il ne prendra jamais les
armes. Il s’oriente vers le droit et étudie à l’Osgoode Hall de l’Université York à
Toronto. Il pose alors sa candidature au ministère des Affaires Extérieures à Ottawa.
Sans succès il décide de devenir journaliste, à la fois pour combler son amour de
l’écriture et pour défendre la cause du français. Il devient le correspondant
parlementaire du journal Le Droit, le quotidien français d’Ottawa. il collabore aussi au
Devoir, à La Presse, au Soleil et au Canada (1922-1930) envoyant ses textes à
Montréal par le train de nuit. Pendant quelques temps, il est chef de cabinet de
l’honorable Fernand Rinfret, secrétaire d’État. En 1936, il travaille comme chef des
journaux français de la Chambre des communes.
Seconde Guerre Mondiale :
Le début de la Seconde Guerre Mondiale secoue la Capitale du Canada. Pour éviter
que des informations parviennent à l’ennemi, les journaux et les lettres des
prisonniers de guerre doivent être censurés par le gouvernement. Fulgence
Charpentier devient chef du Bureau de la censure canadienne. Membre de comités
top secrets, il connaîtra d’avance la décision de larguer la bombe nucléaire sur le
Japon.
Après la Guerre :
Une fois la paix rétablie, il entre au ministère des Affaires extérieures en 1947. Il se
dirige vers Paris, ou il devient haut fonctionnaire à l’ambassade canadienne en
France. Son sens des affaires étrangères et de la diplomatie lui permet de grimper
les échelons rapidement. Il se rend en Uruguay et au Brésil comme chargé d’affaire
et en Haïti. Dès 1962, le gouvernement canadien lui confie la mission d’installer les
premiers liens diplomatiques avec l’Afrique. Il nommé ambassadeur au Cameroun,
au Gabon, au Tchad, en République Centrafricaine et a la République du Congo,
avec résidence à Yaoundé. À son retour au pays, il occupe le poste d’adjoint au
rédacteur en chef du journal Le Droit. Puis il accepte un dernier mandat. Diriger les
relations de presse pour l’Exposition universelles de 1967 à Montréal. Un succès
phénoménal, il prend sa retraite avec le sentiment du devoir accompli.
Retraite :
En 1968, le rédacteur en chef du journal Le Droit, Marcel Gingras, lui offre de rédiger
une chronique politique hebdomadaire, le nouveau retraité accepte et ce tout à fait
bénévolement. Chaque semaine il lit des dizaines de journaux et de magazines sur
l’actualité internationale en écrivant son texte à la main, avant de le retranscrire avec
une machine à écrire. Trouvant l’ordinateur inefficace, il ne s’y mettra jamais. Affaibli
par une pneumonie, celui qui a conduit sa voiture jusqu’à l’âge 99 ans signe sa
dernière chronique dans Le Droit à 101 ans. Le doyen des journalistes de la planète
quitte ce monde à Ottawa en février 2001 à l’âge de 103 ans.
Orientation bibliographique sur Fulgence Charpentier :
Dufresne, Charles et al., Dictionnaire de l’Amérique française : francophonie nord-américaine hors Québec, Ottawa, Les Presses de l’Université d’Ottawa, 1988, p. 82.
La revue Infomag, Ottawa, vol. 4, no 5, 2001.
Simard, François-Xavier, en collaboration avec Denyse Garneau, Fulgence
Charpentier (1897-2001), La mémoire du siècle, Ottawa, Vermillon, 2004. (à
paraître).